Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme
L’iode pénètre par voies respiratoire, digestive et cutanée en cas de lésions. Une fois réduit, il est principalement distribué dans la thyroïde, les glandes salivaires et l’estomac puis éliminé principalement dans les urines sous forme d’iodures. Le dosage de l’iodurie des 24 heures peut être utile à la surveillance biologique des expositions.
Chez l'animal
Absorption
L’iode pénètre dans l’organisme par voies pulmonaire (environ 30 à 75 % de l’iode inhalé sont absorbés, en fonction de la forme et de la taille des particules ou aérosols), digestive de façon rapide et complète, et faiblement par voie cutanée si la peau est intacte; la pénétration percutanée est très augmentée en cas de peau lésée. L’iode, réduit en iodure, se distribue dans l’organisme surtout dans la thyroïde (30 % de l’iode sanguin parviennent à la thyroïde), les glandes salivaires et l’estomac.
Excrétion
L’iode est filtré par le glomérule et éliminé principalement par voie urinaire sous forme d’iodures (rapidement dans les premières heures, puis atteint un plateau dès 24 à 48 heures) et, pour une moindre part, dans les fèces, la salive et la sueur.
Surveillance Biologique de l'exposition [15]
La mesure de la concentration d’iode dans un échantillon urinaire dont la mise en œuvre en milieu de travail est plus pratique que la mesure de l’iodurie des 24 heures, est souvent préférée pour la surveillance biologique de l’exposition à l’iode. Cependant, en raison de sa grande variabilité intra-individuelle, au cours d’une journée et d’un jour à l’autre, son interprétation est plus aisée au niveau d’une population qu’au niveau individuel.
La concentration urinaire médiane d’iode sur un échantillon urinaire est retenue comme indicateur pour estimer le statut en iode d’une population, une concentration médiane de 100-200 µg/L correspondant à un statut adéquat (moment de prélèvement non spécifié) [16]. L’association entre la prise d’iode et la survenue de désordres thyroïdiens dans la population est décrite par une courbe en forme de U et des effets sanitaires peuvent être observés pour des concentrations urinaires d’iode à la fois en-dessous et au-dessus de cet intervalle. Au niveau individuel, des mesures répétées de la concentration urinaire d’iode seraient nécessaires pour une évaluation acceptable du statut en iode.
Par ailleurs, aucune relation quantitative reproductible entre l’exposition à l’iode et la concentration urinaire d’iode n’a été établie.
En 2015, la commission allemande DFG a conclu qu’il n’est pas possible d’établir de valeur biologique d’interprétation professionnelle. De plus, chez les sujets de la population générale, la concentration urinaire d’iode est très variable selon la zone géographique, les apports individuels étant influencés notamment par la teneur en iode des sols, la concentration dans l’eau de boisson associée, les habitudes alimentaires. La commission a ainsi jugé impossible de définir une valeur de référence issue de la population générale.
Toxicité expérimentale [17, 18]Toxicité aiguë
La toxicité aiguë est faible chez le rat, la souris et le lapin. Les effets aigus et chroniques sont identiques à ceux observés chez l’Homme.
Les DL50 sont très élevées chez la souris, le rat et le lapin, puisque situées entre 10 et 22 g/kg. Les signes de toxicité aiguë ou chronique observés sont identiques à ceux rapportés chez l’Homme.
Effets génotoxiques
Un test in vitro se serait révélé positif à forte dose chez le rat.
Un test de mutagenèse sur cultures cellulaires de rat se serait révélé positif à forte dose.
Effets cancérogènes
Aucune donnée n’est disponible chez l’animal à la date de mise à jour de cette partie.
Effets sur la reproduction
Des effets foetotoxiques ont été observés chez le rat.
Deux expériences effectuées sur la rate gestante (1100 mg/kg et 2750 mg/kg du 1er au 22e jour de la gestation) ont mis en évidence une diminution de poids des animaux à la naissance et une plus grande mortalité de ceux-ci.
Effets pertubateurs endocriniens
L’iode est classé perturbateur endocrinien de catégorie 2 dans la liste de l’Anses, et de catégorie 3 dans la base de données DEDuCT.
Selon le Comité européen des produits biocides, l’iode perturbe le fonctionnement de la thyroïde si l’exposition excède les besoins physiologiques [19].
Toxicité sur l’HommeLa toxicité de l’iode est caractérisée par des effets locaux et systémiques. La projection cutanéomuqueuse de solutions iodées concentrées entraîne des brûlures chimiques, de constitution lente, et extensives. L’exposition aiguë à des vapeurs d’iode entraîne des signes d’irritation des muqueuses oculaires et des voies respiratoires supérieures et inférieures, pouvant aboutir à un œdème pulmonaire lésionnel retardé en cas d’inhalation massive et/ou prolongée. Des lésions caustiques digestives, accompagnées d’une hypothyroïdie, peuvent être observées en cas d’ingestion de solutions iodées, pouvant conduire à une défaillance multi-viscérale en cas d’exposition à de fortes doses. Des dermites irritatives, de contact et/ou aéroportées sont possibles en cas d’expositions répétées. Des asthmes aux irritants, ainsi que, plus exceptionnellement, des hypothyroïdies ont également été rapportés dans le cadre d’inhalation chronique. Les effets cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction n’ont pas, à ce jour, fait l’objet d’études en milieu professionnel. L’apport excessif d’iode peut toutefois occasionner des goitres et des hypothyroïdies fœtales, pouvant être à l’origine de troubles du développement neurologique, et plus rarement à une cardiomégalie.
Toxicité aiguë
Selon leur concentration, les solutions iodées sont irritantes voire corrosives pour la peau et les muqueuses. Les lésions produites ont initialement la couleur brun-jaunâtre de l’iode. Les brûlures chimiques cutanées sont caractérisées par leur tendance à l’extension et leur lenteur d’évolution [20, 21].
L’intensité des effets engendrés par l’inhalation de vapeurs d’iode est fonction de la concentration et de la durée d’exposition : irritation des muqueuses des voies aériennes supérieures, réaction asthmatiforme, œdème pulmonaire lésionnel d’apparition retardée. Ces signes respiratoires s’accompagnent d’une irritation oculaire, rapportée dans un cas en milieu de travail dès 0,3ppm [7, 11, 21]. Des cas d’ingestion volontaire, parfois mortels, d’une quantité importante de teinture d’iode ont été rapportés, comportant un tableau caustique digestif, une hypersécrétion (salivaire, nasale et bronchique), un œdème du visage et du cou, puis une défaillance multiviscérale avec syndrome de détresse respiratoire aiguë, hémolyse et nécrose tubulaire rénale [21].
La survenue d’une hypothyroïdie est possible au décours d’une intoxication aiguë [20].
Toxicité chronique
Les vapeurs d’iode sont responsables d’irritations oculaires et bronchiques [6, 22] et l’inhalation répétée peut engendrer un asthme induit par les irritants [23].
Sur le plan cutané, l’exposition répétée à l’iode peut provoquer une dermite d’irritation de contact [24]. Les iodides, généralement d’origine iatrogène, sont des végétations cutanées verruqueuses, parfois ulcérées, dont le mécanisme n’est pas parfaitement compris, mais qui traduiraient une intoxication systémique par l’iode [20, 21, 25]. Ce type de lésion n’a pas, à ce jour, été décrit dans le cadre d’expositions professionnelles.
L’iodisme désigne un syndrome traduisant une surcharge en iode associant diversement céphalées, fièvre, éternuements, rhinorrhée, conjonctivite, hypersalivation, parotidite, stomatite, laryngite, bronchite et éruptions cutanées [20]. Ce syndrome n’est pas rapporté en milieu professionnel.
L’excès d’iode, d’origine alimentaire ou médicamenteuse, peut engendrer une dysthyroïdie, généralement une hypothyroïdie, et plus rarement une hyperthyroïdie, notamment sur thyroïde pathologique. La dysthyroïdie peut, ou non, régresser, voire disparaître, à l’arrêt de l’exposition [26, 27].
Les dysthyroïdies sont peu documentées en milieu professionnel.
Deux cas ont été rapportés dans une même entreprise de fabrication d’écrans de gamma-caméras, chez des salariés chargés de l’usinage et du polissage de cristaux d’iodures de sodium et de césium. Ils présentaient une hypothyroïdie biologique et une élévation de leur iodurie des 24 heures. Une publication ancienne rapporte également 2 cas de saturation iodée chez une technicienne employée à la gravure de circuits électroniques par immersion dans une solution d’iode et d’iodure de potassium, ainsi que chez un ouvrier manipulant de l’iode en paillettes ou en cristaux dans une usine fabriquant des herbicides. L’hypothyroïdie, documentée chez la technicienne en microélectronique, fut réversible après retrait du poste de travail. L’ouvrier de l’usine d’herbicide présentait quant à lui une scintigraphie thyroïdienne blanche mais un bilan hormonal normal [22, 28].
Deux cas de dermatites de contact allergique et de sensibilisation au iodure de potassium ont été rapportés chez des pêcheurs [7, 29].
Effets génotoxiques
Aucune étude de génotoxicité chez des travailleurs n’a été identifiée à la date de mise à jour de cette partie.
Effets cancérogènes
Aucune étude de cancérogénicité chez des travailleurs n’a été identifiée à la date de mise à jour de cette partie.
Effets sur la reproduction
Fertilité masculine
Aucune étude de toxicité pour la reproduction chez des travailleurs exposés à l’iode n’a été identifiée à la date de mise à jour de cette partie.
Fertilité féminine
Aucune étude de toxicité pour la reproduction chez des travailleuses exposées à l’iode n’a été identifiée à la date de mise à jour de cette partie.
Développement
Aucune étude rapportant des effets sur le développement de l’enfant secondaires à une exposition professionnelle à l’iode n’a été identifiée dans la littérature.
En revanche, en population générale, les conséquences périnatales d’une surcharge iodée in utero ou pendant l’allaitement ont été décrites : il s’agit de goître ou d’hypothyroïdie, pouvant être à l’origine de troubles du développement neurologique, et plus rarement d’une cardiomégalie [26, 30 à 33].
Cohérence des réponses biologiques chez l'Homme et l'animal