Recommandations
En raison de la toxicité importante du HDI, des mesures strictes de prévention et de protection s'imposent lors de son stockage et de son utilisation.
Au point de vue technique
Information et formation des travailleurs
- Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
- Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
- Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.
- Lutte contre l'incendie : former les opérateurs à la manipulation des moyens de première intervention (extincteurs, robinets d’incendie armés…).
- Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [20].
- Former les opérateurs à l'utilisation sûre des diisocyanates
Manipulation
- N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
- Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs et d'aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu'une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [38]
- Réduire le nombre de personnes exposées au HDI.
- Éviter tout rejet atmosphérique de HDI.
- Evaluer régulièrement l’exposition des salariés au HDI et aux diisocyanates présents dans l’air (§ Méthodes de l’évaluation de l’exposition professionnelle).
- Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de HDI doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [39].
- Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant du HDI doivent faire l’objet d’un permis de feu [40].
- Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [41].
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du HDI ou ses isomères sans prendre les précautions d’usage [42].
- Supprimer toute source d’exposition par contamination en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.
Équipements de Protection Individuelle (EPI)
Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.
Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [43, 44]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [45 à 48].
- Appareils de protection respiratoire : en raison de la toxicité aiguë par inhalation et du caractère particulièrement sensibilisant de la substance, un appareil de protection respiratoire isolant est recommandé, lorsque la concentration dans l’air est inconnue ou élevée, ainsi que pour toute intervention d’urgence. Si l’évaluation des risques conclut à la possibilité d’utiliser un appareil filtrant, ce dernier doit être muni d’un filtre de type A2B2P3. Dans ce cas, une surveillance de l’atmosphère doit être menée tout au long de l’opération afin de garantir la possibilité d’utiliser ce type de protection respiratoire [49].
- Gants : les matériaux préconisés pour un contact prolongé avec le HDI sont le caoutchouc butyle, les élastomères fluorés Viton® et Viton®/Caoutchouc butyle et le matériau multicouches Silver Shield® (PE/EVAL/PE). Le caoutchouc néoprène peut également être recommandé pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussure. Le caoutchouc naturel ainsi que le poly(chlorure de vinyle) sont à éviter [50 à 52].
- Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [53].
- Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [54].
Stockage
- Stocker le HDI dans des locaux frais (entre 0 et 30 °C), sous ventilation mécanique permanente et à l'écart de la lumière et de l'humidité. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes et de toute autre source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…).
- Le stockage du HDI s'effectue habituellement dans des récipients en acier doux ou en acier inoxydable. Le contact avec le cuivre et ses alliages et le zinc est à éviter. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
- Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
- Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
- Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
- Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
- Séparer le HDI des produits comburants, des oxydants forts, des alcools, des amines, des composés métalliques, des acides et des bases ainsi que de l'eau. Si possible, le stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.
Déchets
- Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
- Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par du HDI.
- Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.
En cas d’urgence
- En cas de déversement accidentel de HDI, récupérer la substance, avec des gants adaptés, en l’épongeant avec un matériau absorbant [55]. Laver à grande eau la surface ayant été souillée.
- Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
- Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
- Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité [56].
- Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.
Au point de vue médical
Lors des visites initiale et périodiques
- Rechercher particulièrement lors de l’interrogatoire et l’examen clinique, des antécédents d’allergie aux isocyanates, de pathologies respiratoire chronique, cutanée ou oculaire, ainsi que des signes d’irritation ou d’allergie de la peau, des muqueuses oculaire et respiratoire.
- L’examen clinique pourra être complété par la réalisation d’épreuves fonctionnelles respiratoires qui serviront d’examen de référence.
- La périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
- Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des vapeurs ou aérosols de HDI.
Conduites à tenir en cas d’urgence
- En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation ou des brûlures apparaissent ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
- En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer pendant le rinçage. Dans tous les cas, consulter un ophtalmologiste et le cas échéant lui signaler le port de lentilles.
- En cas d'inhalation massive, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, sans notion de traumatisme, et respire, la placer en position latérale de sécurité. Si notion de traumatisme, la laisser sur le dos. Si elle ne respire pas, mettre en œuvre les manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Prévenir du risque de survenue d'un œdème pulmonaire lésionnel dans les 48 heures suivant l'exposition et de la nécessité de consulter en cas d’apparition de symptômes respiratoires.
- En cas d'ingestion, appeler rapidement un centre antipoison. Si la victime est inconsciente, sans notion de traumatisme, et respire la placer en position latérale de sécurité. Si notion de traumatisme la laisser sur le dos. Si elle ne respire pas mettre en œuvre les manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. En cas de symptômes consulter un médecin.